- De quelle manière peut-on se préparer psychologiquement à un troisième confinement, qui a été inédit dans nos vies ?
La meilleure manière de s’y préparer, c’est de se souvenir de ce que le précédent nous a déjà appris. Si certains en sont ressortis en ayant peu souffert, d’autres en gardent un mauvais souvenir. Il faut se souvenir à la fois du négatif et du positif. Dans le négatif, ce qui a été rapporté, c’était la perte de contact essentielle à notre bien-être, la perte de l’illusion et la difficulté à se projeter dans l’avenir. Subitement, on s’est retrouvé dans une situation sans mode d’emploi. Une fois que le bilan négatif est fait, il faut se souvenir des belles découvertes positives vécues pendant ce confinement. Nous avons appris à redéfinir ce qui était essentiel pour nous : en situation de crise, on a découvert qu’on était capable de s’adapter. Même si c’était douloureux, on a su faire face. On a aussi découvert que nos besoins étaient plus simples qu’on le pensait : si nous nous le remémorons, cela nous donne une certaine force. Et qu’il y avait une autre façon de travailler, qu’il y avait d’autres sources d’investissements et de plaisirs possibles.
- Faut-il aussi se préparer de manière matérielle pour mieux l’appréhender ?
Certains ont été pris de cours matériellement : pas de téléphone, de tablette, d’ordinateur… Ils ont été privés de rencontre visuelle avec des proches. On peut prévoir d’acheter certaines choses qui vont nous être nécessaires pour nous occuper, si nous sommes confinés à nouveau. Se préparer, c’est aussi s’autoriser à refaire des petits projets à court terme.
- Comment garder le moral en cette période morose ?
Pour garder le moral, il est important d’être honnête avec ses propres émotions. Il faut percevoir que nous ne sommes pas seuls : nous vivons tous les mêmes difficultés. Un grand nombre d’entre nous sommes déjà anxieux et déprimés : il est important de ne pas rester silencieux sur cela. Il faut absolument en parler entre nous, à un psychologue ou à un psychothérapeute. On doit parler de ses craintes, de ses peurs et de ses difficultés, cela va être une manière très importante de se préparer mentalement.
“Couvre-feu : interdictions d’enfance”
“Le couvre-feu peut être vécu en négatif car il nous rappelle les interdictions d’enfance quand nos parents nous disaient d’aller se coucher tôt alors que d’autres continuaient à faire la fête. Mais aujourd’hui, tout le monde est logé à la même enseigne. Pour d’autres, ce couvre-feu est une source d’excitation et d’envie de transgression (je reste chez toi car je ne peux pas rentrer chez moi…).”
- Pourquoi de nombreuses personnes ressentent de la solitude, à l’heure du couvre-feu et avant un probable reconfinement…
Il est certain que tout le monde ne vivra pas le reconfinement de la même manière selon si vous êtes en couple, en famille, célibataire…. Le couvre-feu ou le confinement nous privent de contact physique avec les autres et provoquent de la solitude : les contacts en ligne deviennent à nouveau importants, après les avoir décriés pendant tellement longtemps. Nous devons nous autoriser à en avoir plusieurs. C’est aussi le moment de reprendre des activités comme le bricolage, la peinture, l’écriture…. Il y a plein de choses qu’on peut faire pour s’occuper. L’important est de retrouver une activité qui mobilise notre attention et qui est en même temps apaisante et source manifeste de plaisir. En suivant des cours en ligne, des personnes ont oublié qu’elles étaient seules chez elles. Pallier la solitude, c’est s’ouvrir à tout ce qui permet l’échange, la rêverie et l’apprentissage. C’est ce qui permet de prendre soin de soi et d’avoir recours à ce qui procure un sentiment de bien-être. Si vous n’arrivez pas à rendre positive cette solitude, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide. Il n’y a aucun héroïsme à rester malheureux, seul dans son coin.”